Réemployer, réutiliser ou recycler : depuis le 1er janvier 2022, la loi AGEC (Loi Anti-Gaspillage pour une Economie Circulaire) interdit aux entreprises la destruction par incinération des invendus non alimentaires. En effet, c’est un marché de 2 milliards d’euros qui part chaque année en fumée, et qui doit désormais être valorisé. Le défi est posé. Pour les retailers, le recours aux marketplaces d’économie circulaire constitue autant une alternative rapide à la problématique d’écoulement des stocks, qu’une réponse aux forts enjeux écologiques et économiques actuels. Explications.
Qu’est-ce qu’un invendu au juste ?
Invendu ne rime pas forcément avec invendable ou inconsommable. En distribution alimentaire, c’est la DLC (date limite de consommation), la DDM (date de durabilité minimale), ou encore une fin de journée pour l’ultra frais, qui sonnent le glas du circuit de vente des denrées. Il peut s’agir également de produits abîmés lors de leur production, de leur transport, ou non conformes aux normes esthétiques ou de calibrage. La pratique génère encore environ un million de tonnes de déchets par an, rien qu’en France.
La notion d’invendu non alimentaire dépend du secteur d’activité et du niveau de maturité des stocks défini par l’enseigne distributrice. On parle ici de marchandises ne correspondant plus à la demande suite à une évolution de la mode (quinze collections par an pour les enseignes de fast -fashion), de la technologie (smartphones, ordinateurs), à une forte saisonnalité, ou encore de fins de séries difficiles à valoriser (en magasin de bricolage par exemple). Notons que les produits issus de retours client, d’erreurs de commandes, présentant un défaut ou un emballage défectueux, finissent également leur cycle de vie en invendu.
Par rapport au secteur alimentaire, les filières de revalorisation ou de recyclage sont moins développées ou peu structurées. De plus, la gestion des stocks et la dépréciation des actifs représentent un coût important. Jusqu’à présent, la solution la plus facile et la moins onéreuse demeurait donc la destruction… Désormais, la question ne se posera plus.
La Loi AGEC : un remaniement des habitudes de consommation
Jeter les marchandises invendues appartient désormais au passé. Aujourd’hui, il s’agit pour l’ensemble des producteurs de déchets, de traiter les produits initialement voués à la destruction selon une hiérarchie plus vertueuse : le réemploi tout d’abord (dont le don aux associations agréées fait partie), puis la réutilisation et enfin le recyclage.
Partant de la nécessité de mieux informer et éduquer le consommateur, l’objet de cette loi s’étend à des considérations écologiques : lutte contre le gaspillage et l’obsolescence programmée, élimination du plastique jetable à moyen terme. Elle vise également à éradiquer notre « vieux » modèle de consommation linéaire et mieux adapter la production à la demande, et ce dans de nombreux secteurs d’activité : textile, culture, loisirs, équipement de la maison, hygiène, santé, puériculture…
A ce jour, si la plupart des filières de recyclage à REP (responsabilité élargie du producteur) ont anticipé les mesures depuis 2020, certains produits bénéficient de deux ans supplémentaires (au 31 décembre 2023) pour être mis en conformité. Ensuite, la note s’élèvera à 15 000 euros d’amende par manquement et par personne morale. C’est dit.
Le modèle marketplace au cœur de la loi AGEC
La marketplace : levier vertueux de la valorisation des invendus
Notons que les acteurs de l’économie circulaire n’ont pas attendu la loi AGEC pour traiter les invendus non alimentaires. En effet, il existe depuis quelques années déjà, de nombreuses plateformes dédiées au déstockage, à l’image de la marketplace Veepee (ex Vente-Privée) qui a débuté en écoulant des fins de séries de grandes marques dès 2001.
Leur avantage ? Une capacité à surfer sur les tendances, voire même détecter les circuits disruptifs, et se positionner comme un incontournable du changement ! La flexibilité d’utilisation, la possibilité d’agréger rapidement les offres, et le statut de tiers de confiance, confèrent aux marketplaces de l’économie circulaire des arguments sans équivalent pour permettre aux entreprises de répondre aux enjeux écologiques et sociétaux liés à la loi AGEC. Ainsi, sortir de la surconsommation, limiter les déchets, préserver le climat, la biodiversité et les ressources naturelles constituent autant d’arguments de recrutement.
Concernant les retailers, intégrer le catalogue d’une marketplace d’économie circulaire représente le levier le plus pertinent pour écouler leurs marchandises invendues : visibilité forte sur leur secteur d’activité et possibilité de toucher un maximum de consommateurs. Non seulement ce canal de distribution leur permet de constituer une trésorerie additionnelle plus rapidement, mais aussi de préserver une rentabilité sur des actifs qui auraient, par le passé, été voués à la destruction.
Comerso, une marketplace d’économie circulaire multi offres complète
Opérateur logistique et numérique de valorisation des invendus depuis 2013, Comerso a mis en place plusieurs marketplaces BtoB alimentaires et non-alimentaires : C-Don pour le don aux associations caritatives, C-Sticks pour l’accélération de la vente de produits à date courte, et C-Valo pour la revalorisation des déchets industriels. La dernière-née, C-Destock, est une marketplace qui met en relation d’une part les soldeurs et déstockeurs, et de l’autre, les industriels souhaitant écouler leurs invendus. Une offre complète, puisque chaque solution s’inscrit dans la mouvance anti-gaspillage et une démarche RSE… en totale résonnance avec la loi AGEC.
Stocklear : la marketplace non alimentaire qui écoule les invendus aux enchères
Dans la même veine, chez Stocklear les invendus non alimentaires, les surstocks et les retours clients sont considérés comme des sources de valeur ajoutée. Et à raison d’ailleurs. La particularité de cette plateforme qui fêtera ses 3 ans en 2022 réside dans son système d’enchères de déstockage… déjà adopté par des grands noms du retail tels que CDiscount, Sarenza ou encore Colruyt Group. Histoire à suivre !
Loi AGEC : quelles conséquences pour les marketplaces de produits non alimentaires ?
La loi AGEC impacte les concepteurs, les fabricants, les distributeurs, mais également les importateurs de produits générant des déchets ou d’éléments et matériaux entrant dans leur fabrication. Ainsi, les marketplaces sont tenues de se mettre au diapason. Les marketplaces se retrouvent en effet en première ligne des contraintes relatives à la mise en conformité à la loi AGEC, dès lors qu’elles détiennent des stocks de produits neufs non alimentaires.
Les plateformes doivent à ce titre, entreprendre une série de mesures régies autant par le cadre de l’obligation légale que par une démarche RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) : audit juridique, adaptation des fiches produits, des conditions générales de services et des politiques internes de l’entreprise …
Par ailleurs, relevant du principe de responsabilité élargie du producteur (REP) pour le compte de tiers, les opérateurs de marketplaces engagent leur responsabilité par défaut à la place de leurs marchands. A ce titre, ils doivent s’acquitter d’une éco contribution à la collecte et au traitement des déchets, mais aussi assurer la reprise sans frais sur le lieu de livraison du produit vendu.
Chaque marketplace, est également tenue de procéder à son inscription auprès de l’ADEME, (Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) en tant que producteur, et faire réviser sa conformité à la loi AGEC de manière annuelle, selon les produits qu’elle distribue.
S’il est vrai que l’ensemble de ces mesures associées à une communication contrôlée représentent une contrainte non négligeable, elles constituent également une opportunité significative pour les marketplaces : renforcer la confiance des consommateurs particuliers ou professionnels déjà sensibilisés à la cause environnementale et donc leur l’adhésion aux marketplaces d’invendus, convertir d’autres clients et par conséquent développer leurs revenus !
La loi AGEC relève d’une véritable politique industrielle nationale, en mouvance avec les bouleversements économiques, écologiques et sociétaux actuels. Positionnées au carrefour de la lutte anti-gaspillage et de la valorisation des invendus, nul doute que les marketplaces, qui ont déjà quelques longueurs d’avance dans la démarche d’économie circulaire, devraient trouver là une manière de conquérir de nouveaux marchés… pour le bien de la planète et de ses consommateurs !