Beaucoup de chiffres ont été publiés ces derniers jours sur l’état du e-commerce en France et dans le monde en cette période de Covid-19. Fermeture des magasins, livraisons perturbées, réaménagement des entrepôts logistiques, stocks ajustés… Face à la crise sanitaire, le commerce est chamboulé. Mais quels impacts pour les ventes en ligne ? Quels rôles tiennent le e-commerce et les marketplaces face à cette situation inédite ? Nous vous proposons de faire le point.
Ventes en ligne et coronavirus : quels impacts pour le secteur ?
A l’heure où les portes des magasins doivent rester closes pour éviter la propagation du Covid-19, le maintien du e-commerce est plus que jamais nécessaire. Le Gouvernement a d’ailleurs adressé un courrier de reconnaissance et de soutien à l’ensemble du secteur, pour sa contribution au maintien de l’activité économique en cette période difficile.
Crise sanitaire et économique, le Covid-19 impacte le e-commerce. Au cours de la première semaine de confinement, le trafic global français a augmenté de plus de 13%, tandis que le nombre de conversions était en hausse de plus de 9%. Spécialisée dans l’analyse du comportement en ligne, la plateforme Contentsquare a analysé plus d’un milliard de sessions d’utilisateurs et livre des premières tendances révélatrices. Il en ressort que certains secteurs enregistrent des résultats historiques, tandis que d’autres sont en chute libre.
Confinés, en télétravail, en arrêt de travail ou au chômage partiel, les Français ont plus de temps à consacrer aux sites de e-commerce et aux marketplaces, pour se changer les idées. Ils surveillent également assidûment leurs finances, assurant ainsi le maintien des Banques et Assurances.
Avec + de 162% de trafic et un nombre de conversions ayant plus que doublé, la Grande Distribution parvient à tirer son épingle du jeu. Les drives ont ainsi vu leur activité croître de 300% (Midi Libre). Si bien qu’il faut parfois des semaines d’attente pour espérer une livraison à domicile. Bénéficiant de la saturation des drives, des sites comme Pourdebon, une marketplace de producteurs, a enregistré une hausse de + 1 000 % sur la première semaine. Le site Lescommis, qui propose des paniers-repas et des recettes pour cuisiner, a pour sa part plus que triplé son activité.
Très sollicités en début de crise, lorsque les consommateurs étaient à la recherche de masques et de gel hydroalcoolique, la pharmacie et la para-pharmacie font désormais l’objet de moins de recherches, malgré un maintien des conversions à la hausse. Face aux ruptures de stocks en magasin, de nombreux parents se sont également tournés vers l’e-commerce pour assurer leurs besoins quotidiens en articles de puériculture.
Alors que tous leurs KPI sont à la baisse, les médias digitaux ont vu leur trafic exploser de +88% et les Télécom de +10%. Face à cet afflux soudain, améliorer le tunnel de conversion devient un enjeu stratégique pour ces secteurs.
Voyage, billetterie, retail fashion, luxe… De l’autre côté du spectre, certains secteurs sont durement touchés par la crise du coronavirus et le confinement qui en découle. Les sites de voyage ont ainsi vu leur trafic chuter de 70%, avec une baisse des conversions de 83%.
Les services de livraison face au coronavirus
Pas de e-commerce sans livraison. Pour que les services de vente en ligne soient assurés en cette période de crise, les services de livraison doivent nécessairement perdurer. Pour respecter les consignes sanitaires du gouvernement et assurer la protection des livreurs, des ajustements ont dû être réalisés.
Relais Colis et Mondial Relay ont suspendu leurs services dès le 17 mars. Bien que maintenus, les autres services de livraisons sont perturbés. Pour Colissimo, les collectes, dépôts et distribution des colis ne s’effectuent plus que le mercredi et le vendredi, depuis le 30 mars. L’activité de DPD est suspendue le mercredi et le vendredi, celle de Chronopost le samedi matin et celle de GLS le vendredi. Colis Privé, DHL, UPS, TNT, FEDEX…
Les autres transporteurs assurent une continuité de services, tout en adaptant leurs process pour garantir la sécurité des livreurs, en développant par exemple la livraison sans signature.
Coronavirus : comment le e-commerce s’adapte ?
Dans un contexte où les consommateurs veulent éviter les sorties et limiter les contacts, le e-commerce sait qu’il a un rôle à jouer. Face à ces enjeux et à la détresse des acteurs les plus durement touchés par la crise, de nombreuses actions de solidarité ont vu le jour.
Plusieurs portails de vente et prestataires spécialisés dans l’e-commerce ont mis en place des offres gratuites et préférentielles à destination des commerçants locaux, contraints à la fermeture depuis le début du confinement. Des offres désormais mises en avant par le ministère de l’Économie lui-même et la FEVAD, à l’heure où les e-commerçants de métier connaissent réorganisations d’urgence et chute des commandes. Pour soutenir les commerces de proximité, les marketplaces de commandes en ligne Monpetit-ecommerce et Ollca référencent par exemple les commerçants locaux, dont les produits sont ensuite livrés à domicile.
Pour répondre aux besoins de première nécessité des consommateurs confinés, Carrefour et Uber Eats ont quant à eux décidé de s’associer dès le 6 avril, d’abord en région parisienne, puis à l’échelle nationale. La force de frappe des magasins préparateurs Carrefour combinée à l’agilité de l’application Uber Eats devrait permettre de répondre à la demande, de façon sécurisée.
D’autres acteurs simplifient leurs process et éléments techniques, à l’instar de la marketplace Rakuten qui offre 3 mois d’abonnement gratuit pour les nouveaux commerçants ouvrant leur boutique en ligne, afin qu’ils puissent tirer des bénéfices de celle-ci.
Côté logistique, le spécialiste de l’uberisation du dernier kilomètre Stuart propose une série de tarifs spéciaux. Cubyn propose pour sa part jusqu’au 28 mai des espaces de stockage gratuits pour les produits de première nécessité, allant de 18 à 100 mètres cubes.
Plusieurs entreprises technologiques ont également mis à disposition, gratuitement, leurs solutions numériques, le temps de la crise. Des initiatives fortement encouragées à l’échelle de l’Etat.
Un regain d’activité attendu dans le e-commerce
Une fois les nouvelles habitudes de consommation pour les produits de première nécessité ancrées, les professionnels s’attendent à un regain d’activité pour les achats plus « plaisir », tels que le sport ou la mode. En effet, en début de crise, les Français se sont d’abord attelés à se doter de l’essentiel. Maintenant que le confinement s’installe, les consommateurs constatent que les sites de e-commerce non essentiels continuent de fonctionner et pourraient bien se laisser aller à quelques achats.
Face au Covid-19, tous les secteurs se mobilisent à hauteur de leurs moyens : les marketplaces lancent des actions commerciales, les acteurs offrants des solutions IT proposent des rabais sur les abonnements/achats, sans oublier les actions de solidarité qui émergent pour faire face à cette crise tous ensemble.
Certes, certains secteurs e-commerce souffrent de la situation, les mêmes que dans le commerce physique en général, mais il y en a beaucoup d’autres qui en profitent largement et qui connaissent une croissance sans précédent de leur activité.
Ceux là, les médias n’en parlent pas. comme si c’était honteux de bien s’en sortir en ce moment…