Pour ses 10 ans, la marketplace ThredUp se déclare « plus grand site de friperie en ligne ». Une réussite attribuée à l’explosion du marché de la revente en ligne, estimé à 24 milliards de dollars en 2018 selon un rapport de la plateforme, mais pas que ! A l’instar de Videdressing ou Vinted, les deux acteurs majeurs du marché du vêtement de seconde main en France, ThredUp a su tirer parti de la propension grandissante vers un shopping éco-responsable. Forte de son succès, ThredUp a levé 100 millions de dollars en août 2019, destinés à financer une plateforme pour les professionnels. Retour sur une marketplace novatrice qui a su investir une activité en devenir.
Comprendre l’ascension fulgurante des plateformes de revente en ligne
En matière de shopping vestimentaire, les nouveaux consommateurs incarnés par les millénials et la génération Z, sont friands d’une éthique éco-responsable qui leur permet de réduire leurs dépenses. Pas question d’acheter deux fois plus cher un vêtement neuf, si on peut l’obtenir une saison plus tard à moitié prix !
D’ailleurs, selon Thred Up, 64% de femmes achètent ou seraient prêtes à acheter des vêtements d’occasion, ce qui représente 44 millions de personnes de plus qu’en 2017.
Les consommateurs sont de plus en plus demandeurs, raison pour laquelle les grandes enseignes s’essayent à l’éco-responsabilité. Chez H&M « l’éco-responsabilité attitude » a été mise en place depuis quelques années : pour trois vêtements rapportés, quelle qu’en soit la marque, le client se voit offrir un bon de réduction de 15%. Chez Patagonia, le « Worn Wear Tour » propose la réparation itinérante et gratuite de vêtements, afin de retarder leur remplacement.
Mais c’est surtout sur le web qu’on constate le plus fort entrain pour l’économie circulaire autour de la mode avec l’explosion des plateformes de ventes de vêtements de seconde main. Et quoi de mieux qu’une marketplace pour mettre en relation vendeurs et acheteurs !
ThredUp saisit l’opportunité dans un marché en pleine expansion
Créée en 2009 aux Etats-Unis par James Reinhart, Olvier Lubin et Chris Homer, à ses débuts la marketplace ThredUp, n’avait pour vocation que l’échange de t-shirts entre hommes. Aujourd’hui, c’est aux femmes et enfants qu’elle s’adresse.
Si le marché des vêtements de seconde main est en pleine expansion – il représenterait plus de 20 milliards de dollars en 2019 – ThredUp connaît elle aussi une formidable croissance. 7 millions de visiteurs consultent la marketplace chaque mois, dans le monde (chiffres de Similar Web).
ThredUp veut réinventer le mode de consommation, avec comme mission : penser seconde main d’abord. La marketplace se définit comme étant « la meilleure façon d’acheter et de vendre des vêtements femmes et enfants, avec le plus petit impact sur la planète possible ».
Avec près de 35 000 marques présentes sur la plateforme et 65 millions d’articles vendus à ce jour, celle-ci se positionne comme la plus importante dans le monde concernant le marché des vêtements de seconde main. 40 000 nouveaux articles sont publiés chaque mois !
Il faut dire que le processus de mise en vente est simple et rapide : il suffit de commander l’envoi d’un sac prépayé sur la plateforme, puis d’expédier ses articles. Une fois ceux-ci réceptionnés par la place de marché, leur état et leur conformité sont vérifiés, et le vendeur reçoit une confirmation. Ensuite vient le shooting photo et pour terminer, la détermination du tarif. Le produit est ainsi prêt pour sa mise en ligne !
Les prix, dont le taux de réduction peut aller jusqu’à 90% du prix initial, et les promotions sont fixés automatiquement grâce à un algorithme. De même, les suggestions et les sélections de produits par les stylistes sont liées à l’analyse prédictive des tendances, aux préférences des consommateurs et de manière générale à l’exploitation de la data.
Concernant le business model de la marketplace ThredUp, il a été pensé de manière à privilégier les envois d’articles de saison tendances, pour lesquels le vendeur est payé par anticipation de 5 à 80% du prix de vente estimé. Si le vêtement est en bon état, mais ni de saison, ni vraiment dans la mode du moment, il est consigné pour une vente ultérieure, dont la commission de 20 à 95% est décidée à l’avance.
La marketplace ThredUp étend son offre aux entreprises, après avoir levé 100 millions de dollars
Vous avez prévu de développer votre activité à l’international ? Avez-vous vérifié que le PSP sélectionné couvrait les pays dans lesquels vous souhaitez développer votre business ?
Il faut croire que le succès fulgurant du service de ThredUp fait des émules sur la place B2B.
En effet, son programme Resale-As-A-Service – dans lequel la revente des vêtements d’occasion collectés sur la plateforme est effectuée par des distributeurs professionnels – est de plus en plus sollicité.
C’est ainsi que des magasins américains telles que J.C Penney et Macy’s ont ouvert des corners « second hand » au sein de leurs points de vente. On y retrouve les produits de ThredUp. Une pratique gagnant/gagnant pour les deux parties, puisque les magasins touchent de nouveaux clients, et la marketplace ThredUP étend son offre.
Cette stratégie permet également de contrer des acteurs tels qu’Amazon ou l’enseigne T.J Maxx, qui proposent des articles à prix cassés.
Il existe donc un véritable enjeu économique pour le commerce de détail de vêtements, à travers l’économie circulaire.
Un avis partagé par John Reinhart, CEO de ThredUp qui se confiait récemment à l’agence Reuteurs : « Voici comment nous leur livrons notre discours … Ecoutez, vous avez besoin d’une stratégie pour rester innovant … et si vous êtes un détaillant et que vous n’essayez pas de suivre les tendances actuelles, vous allez vous réveiller un jour et vous demander ce qui vous est arrivé »
Le marché du vêtement d’occasion devrait doubler d’ici 2023 , pour atteindre les 51 milliards de dollars. Si la marketplace ThredUp ne cesse de croître, c’est parce qu’elle a su diversifier son offre vers le B2B, et s’est donné les moyens d’investir dans les nouvelles technologies. Dans ce contexte, si comme le prédit ThredUp , le marché de la fast fashion se voit supplanté par celui de la mode de seconde main, qui pourra encore s’en étonner ?